Texte de l’artiste sur les deux planches :

Nouvelle et nouveau-nés, à peine sortis du ventre de leur mère portent les marques de cette dure épreuve : têtes violacées, visages crispés, ridés, froissés, les yeux clos, ils apparaissent. Leur cordon ombilical est alors sectionné, brusquement leurs poumons brûlent, ils hurlent de douleur ! Assoiffés, affamés ils découvrent le manque et le monde ! Ils tètent le sein de leur mère et s’endorment… Leurs peaux jaunissent parfois, puis après quelques jours, Ils deviendront poupons et magnifiques... Le premier cycle s’enclenche.

Les personnages de mes deux planches sont ainsi campés, ils ne dépasseront guère l’âge du collège… le brouhaha de la cour de récré s’élabore : véritable champ de batailles. Les passions, sauvagerie, simulation de la guerre, la peur et le rire s’agglutinent : bonbons et couleurs acidulées, billes et osselets, lunettes brisées, poupées et foulards, masques de loup, stock-cars… Armures, animaux de tous poils, batraciens, reptiles et insectes, faune terrestre et marine, fantasmes plus que fantômes.

Grossie, la page millimétrée délimite l’espace et enferme les mouvements circulaires qui l’envahissent : le terrain de jeu en somme. L’imaginaire côtoie le souvenir, la divagation, la fantaisie et la férocité. Voyage initiatique si l’on veut, les compas en donnent la rigueur et le tempo, la vie tourne… 

À proportions variables, vertiges, rêves et cauchemars s’assemblent sous le regard étonné et le crayon bleu de l’artiste octogénaire, frôlant le dernier cercle.